Thursday, February 17, 2011

11 au 14 février: The End, Mumbai, Londres, Montréal!

Le 11 février, je passe la journée dans le train, de 10h à 22h, pour me rendre de Goa à Mumbai. Le trajet est fantastique, les paysages verdoyants défilent sous mes yeux, me permettant de voir une facette plus rurale de l'Inde. J'adore les trains indiens, ils sont extrêmement vivants. Des vendeurs de chai, café et nourriture déambulent joyeusement en chantant la liste de ce qu'ils vendent, des enfants courent partout et pratiquent leurs chorégraphies de Bollywood, les gens rient et chantent. Mon voisin de siège se rend à Mumbai pour un concert de Bryan Adams ("I love him, he's the one who inspired me to play music") et il est vraiment enthousiaste que je sois Canadienne ("all the great musicians are Canadian: Justin Bieber, Celine Dion, Nickelback").

J'arrive à Mumbai en soirée, dans l'immense gare où dorment, sur le sol, des centaines de gens. Je marche les quelques minutes qui me séparent de mon hotel, le dernier endroit où je pose mon sac en quatre mois et demi. Le lendemain, je me promène dans la ville, qui est magnifique et surpeuplée! Puisque c'est sur le bord de l'eau, la pollution est moins étouffante qu'à Delhi, mais un épais smog enrobe tout de même les bâtiments.

Mumbai dans le smog
Mumbai
Dobi Ghat, où à peu près tout le lavage de Mumbai se fait
En après-midi, je vais dans les marchés pour mes derniers achats et je m'amuse à observer la foule dense et colorée qui se faufile dans les rues étroites, à travers les voitures, rickshaws et vélos. C'est étourdissant! Je termine ma longue marche en retournant près de l'hôtel, où je mange un délicieux repas (je ne me tanne pas de la nourriture indienne!!).

En route vers les marchés
Machine pour faire du jus de canne à sucre
13 février, dernière journée! Je vais dans le quartier touristique de Colaba, où je passe une partie de la journée à flâner entre les immeuble historiques et les boutiques. En après-midi, je découvre un festival des arts. Dans un parc, des troupes de danses se succèdent sur une scène, des structures d'art moderne sont parsemées un peu partout et des kiosques d'artisanat indien étalent des objets provenant de toutes les régions du pays.

Vers Colaba, un parc où le criquet est roi
Pour 300 roupies (7$ environ), je vais à une dégustation de vins indiens. J'y rencontre Matt, un Anglais installé depuis un mois à Mumbai pour le travail. Ensemble, on découvre les vignobles indiens, dont certains produits ne sont pas mal... On passe l'après-midi à déguster les différents produits, puis on va souper sur une incroyable terrasse huppée qui surplombe la ville (c'est sa compagnie qui paie le repas!). À 21h30, je quitte Matt, embarque dans un taxi, passe à l'hôtel chercher mon sac et je suis en route vers l'aéroport!

Le vol Mumbai-Londres se passe dans un sommeil facilité par l'alcool! J'arrive à Londres à 7h du matin et je quitte pour le centre-ville, où je rejoins Monisha (avec qui j'ai fait ma retraite de méditation) pour un déjeuner suivi d'un tour de la ville! Ces 5 heures à Londres me donnent envie d'y revenir pour plus longtemps, la ville est incroyablement belle et les pubs semblent attirants...

Monisha et moi, à Londres

Je reprends le train vers l'aéroport à 13h pour mon vol, qui m'emmène à Montréal pour 18h, le 14 février. Mon copain m'attend avec des fleurs et c'est avec un immense sourire que je fais mes premiers pas dans l'hiver. Home, sweet home! Après un incroyable voyage, il fait bon d'être de retour à la maison, d'enfiler des jeans, de boire l'eau du robinet et d'être entourée des gens que j'aime.

Sunday, February 13, 2011

1 au 10 février: Annie et ses hommes!

Après un road trip de 3 jours, Thomas et moi arrivons en soirée à Agonda Beach, dans le sud de Goa. Je dors dans une hutte de bambou et le lendemain, je vais rejoindre Thomas, stationné près de la plage avec d'autres gens qui voyagent en voiture. En arrivant sur les lieux, je suis bouche bée. La majorité des véhicules ne sont pas de simples Westfalia, ce sont des mastodontes transformés en maisons roulantes. Des familles qui parcourent les continents à bord de ces machines équipées de cuisines IKEA, panneaux solaires et connections wi-fi...

Un beau truck mercedes bien équipé!

The king of the court... INCROYABLE.
Ce véhicule peut aller sous l'eau...

On passe la journée à relaxer sur la plage, à se baigner dans la mer calme et à manger les pieds dans le sable. Thomas quitte en fin d'après-midi et je reste encore un peu, en attendant mon bus de nuit vers Hampi.

Hampi

Hampi, c'est un endroit unique, légèrement surnaturel. Des montagnes de roches rougeâtres sont éparpillées au hasard sur un terrain autrement occupé par des rizières, des palmiers et une rivière qui, contrairement aux autres cours d'eau indiens, ne semblent pas polluée. Des temples et des ruines sont également dispersés sur les deux rives.

En vrai, les couleurs sont hallucinantes...

Hampi, un paradis

La rive nord, où je suis installée, est constituée d'une petite rue touristique qui mène à d'autres petits villages. L'endroit est si petit et l'atmosphère, si conviviale, qu'il est simple de rapidement se faire des amis. C'est ainsi, qu'au désespoir de mon chum au Québec, je passe 5 jours en compagnie de John, Marcus, Patrick et autres gars (quelques filles aussi...).

John, d'Edmonton
Marcus, de Berlin
Patrick, de Londres (un enfant lui dit d'ailleurs "You can't be
from UK, you're black", et il doit s'obstiner avec lui...)
Je passe ces journées avec eux à visiter les ruines, à pédaler jusqu'à un réservoir où on peut se baigner, à louer des scooters pour aller au Monkey Temple voir le coucher du soleil. Je flâne dans les cafés, je lis, je ris, je vis. J'adore cet endroit!

Un singe qui fait du yoga au Monkey Temple

Mais après 5 jours à flâner, je quitte ce paradis pour aller terminer mon voyage à Goa. Pour la plupart des gens, Goa est synonyme de plage. Pour ma part, ce n'est pas ce dont j'ai envie, alors je m'installe pour 3 jours à Panjim. C'est très agréable de se promener, iPod en poche, dans cette ancienne ville coloniale portugaise. Je me sens un peu malade, alors je prends ça très relax. Je me promène à travers les églises et les maisons colorées, je visite une plantation d'épices, je me trouve un café pour lire, je fais quelques siestes par jour...

Auto-rickshaw dans les rues de Panjim

Une des nombreuses églises de Goa
Je dois avouer qu'à l'approche imminente de mon retour à Montréal, mon cœur n'est plus vraiment en Inde. Je m'exaspère rapidement devant l'inefficacité des Indiens et je suis tannée de l'attention continue qu'on me porte. Pu capable des "which country?", "what's your good name?", "very beautiful, can I have your email info?" et autres questions/commentaires du genre. Je commence à avoir hâte de retrouver l'anonymat des rues montréalaises, hâte de ne plus paqueter/dépaqueter mon sac à dos, hâte de retrouver mes amis et ma famille, hâte d'être enfin de retour dans les bras du seul homme qui me fait réellement tripper...

Saturday, February 5, 2011

21 janvier au 1 février : yoga, overdose et road trip


J'arrive à Varkala, au Sharanagati Guesthouse, le 21 janvier, pour une semaine de sivananda yoga. Hari, mon professeur, est un Allemand au parcours de vie éclectique qui vient tout juste d'ouvrir sa résidence de yoga, donc l'endroit est presque désert. Avec 3½ heures de pratique par jour et un professeur quasi-privé, je progresse rapidement et m'épate devant ma flexibilité nouvellement acquise!

Hutte ou ont lieu les cours de yoga
C'est le paradis. Ma chambre est superbe, le yoga se pratique à l'extérieur, le diner est magnifiquement cuisiné par la femme-à-tout-faire. Varkala est sur le bord d'une falaise, où s'étalent à l'infini de petits restaurants, hôtels et boutiques pour backpackers. J'habite à 30 secondes de Black Beach, une petite plage de sable noir charbon, fin comme de la cendre et chaud comme le feu! Je m'installe souvent à l'ombre d'un bateau de pêche pour lire et écouter de la musique jusqu'à ce que la chaleur m'envoie courir vers les vagues démentes.

Black Beach

Je soupe tous les soirs au même endroit, assise confortablement devant le soleil qui se couche sur la mer arabe, bercée par les remix indiens de samba-Radiohead et techno-Pink Floyd et servie par Dill, un sympathique employé qui finit par m'avouer son amour indéfectible à la fin de la semaine... L'amitié homme-femme en Inde est un concept obscur et incompris, ce qui ternit la majorité de mes échanges avec les gens du pays.

Varkala

Le 28, je quitte mon havre de paix pour aller visiter l'ashram d’Amma, une guru indienne humanitairement très impliquée qui distribue amour et compassion en donnant des câlins. En arrivant devant l'immense temple rose bonbon où je dois m'inscrire, je réalise que je n'ai pas du tout envie d'être ici. Les dévoués d'Amma, dont plusieurs vivent en permanence sur le site, sont partout, les murs sont placardés de photos d'elle, des chants dévotionnels à son intention sont chantés quotidiennement. Après un mois de janvier sous le signe de la méditation et du yoga, c'est trop, je fais une overdose de spiritualité et de dévotion.


Le temple de l'ashram d'Amma

Je dors une nuit là-bas, puis le lendemain, je quitte précipitamment pour Alleppey, un peu au nord. Je dors dans un hôtel douteux et le lendemain, rencontre Thomas, un Suisse qui conduit sa camionnette autour du monde. On passe l'après-midi dans une petite barque à naviguer à travers les backwaters, un ensemble de canaux créés par le reflux de la mer. C'est magnifique et relaxant.

Thomas dans notre bateau

Paysage typique des backwaters

Certains canaux sont envahis par les algues
Tres chill, sur le bateau!

Après notre balade, on quitte en voiture vers Kochi, petite ville coloniale sympathique où nous passons une journée avant de poursuivre notre road trip qui nous mènera, deux jours plus tard, à Goa. 

Filets de peche chinois a Kochi

Je participe a la remontee du filet de peche!

On s'arrête souvent pour manger ou visiter une ville au passage, on se perd en cherchant un sanctuaire d'oiseaux qui n'existe plus et on discute avec les nombreux curieux qui s'attroupent inévitablement autour du véhicule dès qu'il s'immobilise...Thomas est un agréable compagnon de voyage et un fantastique chauffeur qui s'adapte naturellement au chaotique code routier indien! Une aventure très bienvenue après un mois de sérénité apaisant mais un peu ennuyeux à la longue...

Monday, January 24, 2011

13 au 21 janvier: Le Tamil Nadu en une semaine!

Je quitte le centre de méditation avec Inga et Monisha, qui habite chez son oncle à Chennai pendant son séjour en Inde. Un chauffeur privé vient nous chercher et après 10 jours de calme, la réalité indienne nous saute au visage: les klaxons se font compétition au chapitre des décibels, les camions filent à toute allure en nous rasant de près, chaque espace est envahi de détritus dont les vaches tentent de se nourrir. Nous arrivons finalement à destination, un palace avec de gigantesques chambres richement meublées dont s'occupent les 18 servants employés par les maîtres!! Bienvenue dans l'Inde des riches!

À Chennai, un bus penche dangereusement
sous le poids des passagers extérieurs!!

On a "Peter the driver" à notre disposition pour la journée. Je me procure d'abord un cellulaire, opération hautement complexe : on parcourt la ville pour me trouver (tous à des endroits différents) un téléphone, une carte SIM, une photo et une copie de passeport et une preuve de résidence en Inde (je mets l'adresse du palace). On va ensuite toutes les trois diner dans un resto chic, où on se délecte d'agneau fondant, de sublimes langoustes et de bières bien fraîches. Le grand luxe après 10 jours de privation... De retour à la maison, les cuisinières nous préparent un délicieux souper, puis je me couche, complètement crevée et heureuse de ne pas avoir à me lever à 4h du matin!

C'est temps d'élection au Tamil Nadu. Le moustachu à
lunettes a l'air d'un parfait crosseur!!!

Au déjeuner, on se fait offrir une montagne de dosas accompagnées d'une sauce à la noix de coco typique du sud du pays. On flâne un peu, puis je quitte pour la station d'autobus pour ma prochaine destination, Mamallapuram. C'est Denis, le deuxième chauffeur, qui va me reconduire. On dit qu'il est un peu idiot, mais qu'avec les indications claires que Peter lui a données, on devrait se rendre. Mais Denis se perd lamentablement dans un minuscule périmètre qu'on arpente pendant deux heures, allant d'un sens à l'autre en suivant les indications de dizaines d'Indiens qui pointent tous dans une direction différente.

Mamallapuram, village de pêcheurs

Je passe deux jours à Mamallapuram à relaxer, me faire masser et lire abondamment. Je quitte ensuite pour Pondicherry en bus, où je suis assise dans l'allée sur des panneaux de carton, à lire On the road de Jack Kerouac et en écoutant du jazz. Je me sens plus en road trip américain des années 40 qu'en Inde!!

À Pondicherry, je rejoins Monisha et Arun, un ami à elle (Monisha est celle qui écrit un livre "Across India in 80 trains" et Arun est un ami rencontré via son site web, il est à la fois son plus grand fan et le plus grand train geek de l'histoire). On va à la plage pour le coucher du soleil. L'endroit est spectaculaire jusqu'à ce qu'un vieillard s'accroupisse à 2 mètres de moi pour faire caca. Littéralement DEVANT MOI, laissant un beau tas moutarde sur la belle plage. Troublant.

Monisha, cheveux au vent...

Coucher du soleil à Auroville Beach, non loin du vieillard
Le lendemain, on se fait réveiller à 6h30 par des gamins qui chantent, dansent et jouent du tambour pour célébrer le Pongal (un des multiples festivals indiens). On les suit un moment dans les rues, puis on quitte pour le magnifique quartier colonial français de la ville. On se promène sur la plage bondée de gens et de vendeurs de nourriture et gogosses diverses. On dort dans une superbe villa et le lendemain, mes amis me quittent et je m'installe dans un café pour lire en attendant de quitter moi aussi.

Notre réveil-matin: les plus vieux ont les tambours,
les plus jeunes dansent avec des masques pour le Pongal

Même les vaches sont décorées pour le festival. Regardez
comme elle a l'air heureuse...
Je dois prendre un bus vers la station de train. Devant la gare, le bus ralenti, on me lance mon sac à dos et on me pousse en-dehors du véhicule qui roule toujours!!! Mon train m'emmène à Srirangam, où je passe une journée à me perdre dans l'immense temple-village, avant de reprendre un train de nuit jusqu'à Kanyakumari.

Au bout de la rue, une des entrées du temple-village

Kanyakumari est la ville la plus au sud de l'Inde, où trois mers se rencontres (mer d'Oman, golfe du Bengale et océan Indien). C'est aussi un des endroits où les cendres de Gandhi ont été répandues et un monument rose bonbon lui fait hommage. La ville est jolie, avec un sympathique marché, de bons restos locaux et une vue imprenable sur les mers! Je ne passe qu'une journée là-bas et quitte dès le lendemain aux aurores pour un autre train, qui me transportera dans la province du Kerala où une retraitre de yoga d'une semaine m'attend!

Place publique de Kanyakumari
Le monument en hommage à Gandhi

Saturday, January 15, 2011

2 au 13 janvier: 100 heures de méditation en 10 jours

J'arrive au centre de méditation le 2 janvier vers 14h. Je m'enregistre et m'installe dans ma chambre, une petite pièce avec deux lits et une salle de bain. Je remets tout mon matériel de lecture, écriture et divertissement général à la réception et me prépare mentalement à entamer mes 10 jours de silence et de vie de moine. Ma co-chambreuse est une Russe à qui je n'adresserai quelques mots que 10 jours plus tard. Nous partagerons une chambre et une routine sans jamais nous parler ou même nous regarder.

Le site est simple et joli et est divisé en deux: une partie pour les femmes et une autre pour les hommes. Au total, environ 30 femmes et 70 hommes suivent le cours, dont approximativement la moitié sont Indiens alors que les autres sont Occidentaux. Notre espace est composé d'un bâtiment avec les chambres, une cafétéria, plusieurs halls de méditation et une allée d'environ 100 mètre bordée d'arbres. Ce sera notre espace pour nous promener pendant nos quelques périodes de repos.

Notre horaire pour les 10 prochains jours est le suivant:
4h: Réveil au son d'une cloche
4h30-6h30: méditation
6h30-8h: déjeuner et repos
8h-11h: méditation (avec pause de 5 minutes à 9h)
11h-13h: diner et repos
13h-17h: méditation (avec pauses à 14h15 et 15h30)
17h-18h: collation, thé et repos
18h-19h: méditation
19h-20h30: discours sur cassette de S.N. Goenka, le professeur
20h30-21h: méditation
21h-21h30: période de questions
21h30: coucher
S.N. Goenka, le charismatique professeur

Armée de mes 3-4 heures d'expérience peu fructueuse de méditation autodidacte, je me lance tête première dans un marathon de 100 heures de méditation en dix jours. Les quatre premiers jours consistent en des exercices de concentration sur la respiration naturelle. Il ne faut pas modifier la respiration, simplement l'observer. Chaque jour, des éléments à observer s'ajoutent, jusqu'à ce qu'on soit capables de ressentir très précisément le subtil passage du souffle au-dessus des lèvres et à l'intérieur des narines. La concentration est difficile à garder, mais l'esprit devient progressivement très aiguisé et peut distinguer une multitude de sensations différentes. Certaines périodes de méditation sont un fiasco total et je surprends mon esprit qui s'éloigne et s'amuse dans l'étendue de mon imagination débridée. Mais je ressorts aussi de plusieurs sessions très sereine et impressionnée par ma diligence.

À la fin du quatrième jour, on apprend la technique Vipassana. Les premiers jours n'étaient qui préparatoires. On doit observer chaque sensation de notre corps en le disséquant mentalement partie par partie. Au fil des jours, les sensations deviennent plus subtiles et certaines parties se lient d'elles-mêmes par un flux d'énergie qu'on peut ressentir très précisément. Cette technique a été utilisée par Buddha pour atteindre l'illumination. En gros, on doit observer les sensations sans réagir. On ne doit pas générer d'envie envers les sensations agréables, ni de haine envers celles qui sont désagréables. En éliminant ainsi les réactions face à la haine et l'envie (the aversions and the cravings), l'esprit et le corps se libèrent de la misère. Bon... la théorie est plus complexe, mais c'est l'idée générale!

On passe donc les jours 5 à 10 à observer objectivement les sensations sur notre corps. Une contrainte supplémentaire s'ajoute pour ces journées: une heure par matin, après-midi et soir, il nous est interdit de bouger. Les premières expériences sont douloureuses et à un moment, je pleure et me demande comment je pourrai me rendre au bout. Mais étrangement,  j'arrive rapidement à me détacher de mon corps et j'arrive à analyser les douleurs à mon dos et mes jambes de manière tout à fait objective.

Au 10e jour, à partir de 10h, le vœu de silence est brisé et on a le droit de parler. L'horaire est allégé et  nous n'avons que 2 heures de médiation en après-midi et une heure en soirée. C'est incroyable de pourvoir parler avec ces gens avec qui on a tant partagé. On échange nos impressions, on discute de nos doutes et on finit par simplement parler de tout et de rien. Je me lie d'amitié avec Monisha, une Indienne née en Angleterre et Inga, une Lithuanienne qui vit aussi en Angleterre. La soirée se prolonge, les quelques périodes de méditation restantes sont très peu concentrées.

Le 13 janvier, 11e jour. On se réveille à 4h du matin, on médite de 4h30 à 6h30, puis le cours est réellement terminé. Je quitte avec Monisha et Inga pour deux jours de luxe complets, qui seront décrits dans le prochain blogue...
Moi avec Inga et Monisha

TOP 5 DES BEAUX MOMENTS:

1 - Le sentiment de paix et de légèreté incroyables à la fin d'une période de méditation qui a bien été.
2 - Chaque matin, dans le village voisin, de la grosse musique indienne joue à plein volume. J'adore marcher vers le hall de méditation à 4h25 du matin, avec cette violente contradiction entre la musique festive et la sérénité du hall.
3 - Chaque jour, à 17h30, au bout de l'allée bordée d'arbres, toutes les filles se réunissent sans se consulter pour observer le magnifique coucher du soleil. Un moment qui peu sembler quétaine, mais qui est réellement réconfortant. On se sent unies malgré la non-communication.
4 - La découverte de 5 chiots d'à peine quelques semaines. Un autre point de rassemblement pendant les pauses, on observe et on rit du comportement des chiots sans se parler.
5 - Jour 10, à 10h, le vœu de silence se termine. Le joyeux brouhaha qui emplit l'espace est jouissif. On peut enfin parler à ces gens qu'on côtoie depuis plusieurs jours.

Le moment bonbon de la journee


Le gourmand qui ecrase le plus faible!

TOP 5 DES PIRES MOMENTS:
1 - Le son de la cloche à 4h du matin...
2 - Le sentiment d'ennui et de longueur pendant les interminables périodes de méditation où je n'ai aucune concentration.
3 - Écouter les chants de Goenka qui terminent chaque session: ses sons graves semblent des lamentations et il imite souvent des bruits de gazou...
4 - Avoir l'impression que mon corps est un Picasso: à force de me concentrer les yeux fermés, je n'arrive plus à comprendre la structure de mon corps et rien de semble être à sa place.
5 - Un Québécois avec une maladie mentale pète solidement sa coche, il se met à hurler, courir partout et s'immobilise finalement devant un arbre, où il pisse et défèque dans ses culottes. Une ambulance l'emporte dans un hôpital psychiatrique et l'ambassade canadienne prend le relais.

TOP 5 DES CHOSES PAS RAPPORT QUI ONT TRAVERSÉ MON ESPRIT:
1 - Chanson d'un "drinking game" en boucle dans ma tête: "concentration, elimination, concentration now begins" (Lolo, Hugo et Nico reconnaîtront certainement l'air...).
2 - Toute une journée avec une toune d'Okoumé dans la tête.
3 - Vision d'une grande roue dont les gondoles sont en forme de hamburger.
4 - Image aérienne d'un champ de guimauves fondues avec trame sonore de "t'as le bonjour d'Albert, le gros Bébert".
5 - Impressions que chaque partie de mon corps est un animal. Par exemple, mes oreilles sont des autruches et mes lèvres sont des bébés ornithorynques.

DESCRIPTION DE CERTAINS DE MES CO-MÉDITATEURS:
MONISHA: ma voisine de droite en méditation. Femme formidable que j'ai appris à connaître après le cours. Elle écrit présentement un livre intitulé "Around India in 80 trains" (www.80trains.com), qui sera publié prochainement... à suivre!
INGA: ma voisine de devant en méditation. Une autre femme formidable que j'ai connue par après. La joie de vivre, la spontanéité et l'intelligence intellectuelle et émotionnelle la décrivent très bien.
YULIYA: ma voisine de diagonale. Un grand divertissement pendant tout le cours, je crois qu'elle n'a pas fait une seule session complète. Elle bougeait constamment, se levait et prenait de longues pauses. Quand je me sentais misérable et non concentrée, me comparer à elle m'aidait beaucoup!
ZUNI: une Américaine qui a renié son pays. Elle travaille toujours au noir pour ne pas payer de taxes à un gouvernement qui utilise son argent pour tuer des gens. Son plan de vie: trouver une tribu sur une île quelconque qui l'acceptera parmi eux et vivre complètement recluse de la société moderne.
3 GARS LITHUANIENS: de vraies légendes du côté des femmes. Ils ont sauvé un chiot mourant et l'ont donné à une famille indienne avec 500 roupies pour qu'ils s'en occupent et le nourrissent. On a aussi appris qu'ils s'évadaient du site tous les soirs pour souper dans un resto du village puisque la collation ne leur suffisait pas!!!

MON BILAN VIPASSANA:
J'ai dû méditer de façon sérieuse et concentrée pendant environ 60 heures, alors que les 40 heures restantes ont été soit du n'importe quoi, soit de la torture. Je me suis très souvent demandé comment j'allais survivre jusqu'au bout, sans jamais avoir réellement l'intention de quitter avant la fin. J'ai souvent dû me rappeler les raisons qui ont motivée ma décision de faire une telle retraite. Je voulais apprendre à mieux vivre le moment présent, à réduire le stress inutile, à calmer cette colère qui bouillonne trop souvent en moi sans raison légitime, à affronter mes peurs et mes phobies avec un esprit plus calme. La méditation était pour moi un chemin naturel pour non pas éradiquer, mais diminuer ces éléments négatifs de ma vie.

J'ai des doutes sur certaines parties de la technique et je ne crois pas être convertie au Vipassana. J'ai acheté un livre sur la technique et je le lis présentement en l'annotant pour essayer de faire un peu de ménage dans tout ça. Par contre, je considère que mon but d'apprendre à méditer a été atteint et plusieurs aspects pratiques et théoriques du Vipassana me plaisent. Je crois que l'ampleur de ce que cette expérience m'a apportée ne me sera connue que dans le futur. Pour le moment, je continue à méditer tous les jours, je me sens effectivement plus calme et je réfléchis énormément à ma définition du bonheur, que je m'amuse à confronter avec mes apprentissages des derniers jours.

Mes amis, ne vous inquiétez pas: je suis peut-être un peu plus spirituelle que je l'étais au départ, mais je ne crois pas que Vipassana m'aie drastiquement changée. Vous n'aurez aucun problème à me reconnaître à mon retour, dans un mois! 

Saturday, January 1, 2011

Le nouvel an à Singapour!

On arrive à Singapour le 28 décembre en fin de journée, après un vol chaotique. Après des mois de voyage dans des pays pauvres, Singapour est tout un choc! L'eau est potable, il y a un métro hyper techno, les rues sont propres et silencieuses et un plan d'urbanisme impressionnant a été implanté, alliant superbement les vielles bâtisses coloniales aux immeubles modernes. On est dans une ville riche et on l'aperçoit bien rapidement avec le coût de la vie! On s'installe dans Little India, le quartier plus pauvre de la ville. On doit se résigner à dormir dans une auberge de jeunesse, dans un dortoir, pour réduire les dépenses. Ouf... pas facile! On mange un bon repas indien et on explore un peu notre quartier.

Singapour sous un ciel orageux

Le lendemain, on se promène partout dans la ville. Hugo et Laurence s'achètent de nouvelles lentilles pour leur caméra et Hugo est excité comme un enfant! On va dans le quartier arabe, on magasine dans le Chinatown, on s'émerveille devant l'architecture éclectique du quartier colonial et des édifices qui bordent la marina. On a les yeux grands ouverts, chaque tournant révèle de nouvelles merveilles urbaines. On trippe!

Chinatown, tres colore et vivant!

Mon immeuble favori, sur le bord de la marina

Techno Singapour!

Singapour est reconnue pour son zoo, qui recrée des environnements naturels pour les animaux, dont certains sont pratiquement en liberté sur le site. Encore une fois, on trippe! Hugo est l'enthousiaste photographe de la journée. On passe deux heures et demie à observer les animaux, avant de revenir manger en ville.

Plus le nez est gros, plus c'est sexy... eh bien!

Trop chill l'orang-outan

Emerveillees devant le lemur

Lolo et le lemur... trop beau...

Cet oiseau n'a aucune credibilite!

31 décembre, dernière journée en 2010! Tous les hôtels et dortoirs sont complets pour le nouvel an et on doit changer d'auberge pour un endroit nettement moins chaleureux... Dans la journée, Laurence et Hugo partent se promener de leur côté alors que je m'offre le luxe de magasiner un peu. Singapour a une renommée mondiale pour le shopping: les centres d'achat pullulent, les magasins sont partout dans la ville, les gens semblent dépenser en fous.

En fin d'après-midi, on s'arrange un peu et on se dirige dans le quartier arabe, devant une magnifique mosquée, où on se fait un apéro avec chips et bouteille de vin (oui, Nic, on a finalement bu la bouteille achetée au Népal il y a deux mois!!!).

Apero du 31 decembre avec vino achete au Nepal!

Budget oblige, on fête comme des ados avec des drinks pré-faits dans nos bouteilles de plastique!! On mange dans un petit bistro et armés de nos bouteilles de vodka-jus d'orange, on part vers la marina, où c'est le gros party. L'endroit est bondé de gens et on fini par rester debout sur un pont, loin du show live, mais d'où on voit bien les feux d'artifice qui célèbrent l'arrivée de 2011. À minuit, les 3 québécois s'excitent sur le pont, s'embrassent et se souhaitent la bonne année pendant que les Singapouriens n'ont aucune autre réaction que de filmer les feux. Je lance des "Happy new year" à tout le monde, mais très peu me répondent... Eh bien... ils n'ont pas l'air très enthousiastes, mais NOUS, nous le sommes! On se prend un snack de fin de soirée et on s'endort dans notre dortoir crasseux et suffocant.

Lolo et Hugo dans les premieres minutes de 2011 

Snack de fin de soiree devant la mosquee

1 janvier: BONNE ANNÉE!! On se lève tard et on va déjeuner au Subways, seul resto ouvert qui ne sert pas du curry... On pacte encore une fois nos sacs et c'est le temps de la séparation. Laurence et Hugo quittent pour la Malaisie en début d'après-midi. Je passe le reste de la journée dans un café et en soirée, je m'envole pour Chennai, en Inde.

Du 2 au 13 janvier, je serai en méditation en silence. Pendant 10 jours, pas le droit de parler, de lire, d'écrire, d'écouter de la musique... je vous donnerai des nouvelles de cette expérience à la mi-janvier!!